La plupart des architectures de l'information reposent ce que
les spécialistes du domaine nomment des taxonomies.
Hérité de la biologie, ce terme désigne une
méthode de classification hiérarchique des
informations. On en rencontre partout : un livre est divisé
en chapitres, sections, paragraphes, phrases et mots ; un
supermarché en rayons, familles de produits, marques et
références...
Sur un site Web, on parlera plus volontiers d'arborescence. Avec
ses niveaux liés entre eux par des ramifications, elle
rappelle en effet la structure d'un arbre.
Insérer Schéma Arbo 1
En dépit de son caractère peu flexible,
l'arborescence présente quatre avantages majeurs pour
l'utilisateur :
- L'information est distribuée selon une logique
familière, plutôt qu'en un seul bloc indigeste.
- La découverte progressive des contenus est
accompagnée : la page d'accueil propose des contenus
génériques, les pages de niveau 2 des contenus plus
précis, et la spécificité augmente au fur et
à mesure de la progression dans l'arborescence.
- La structure est adaptée à n'importe quel niveau
de détail souhaité : si un thème doit
être traité dans le détail, il est toujours
possible d'ajouter un niveau inférieur constitué d'un
ensemble de pages plus spécifiques.
- La contextualisation est favorisée : chaque
élément "parent" participe à la
définition des éléments de niveau
inférieur.
Les multiples atouts de l'arborescence expliquent sans doute
qu'à ce jour, la quasi-totalité des sites n'a pas
trouvé meilleur système d'organisation. D'autant
qu'en matière de référencement, une
organisation arborescente des contenus épouse aussi la
progressivité des besoins exprimés par les
requêtes des internautes. Ainsi :
- L'internaute encore peu mature sur son besoin saisira par
exemple "acheter caméscope" dans un moteur de recherche. Et
effectivement il gagnera à atterrir au niveau de la
catégorie "caméscopes" de l'arborescence.
- L'utilisateur qui sait quel type de produit il recherche mais
souhaite en comparer plusieurs saisira plutôt
"caméscope Mini-DV". Et il gagnera à atterrir dans la
sous-famille éponyme de l'arborescence.
- Enfin, le prospect qui a identifié le produit qu'il
souhaite saisira quant à lui une requête de type
"caméscope Mini-DV Samsung VP371". Et gagnera à
atterrir directement sur la fiche-produit située au dernier
niveau de l'arborescence.
1. Concevoir l'arborescence comme un arbre
généalogique
Comme toute organisation hiérarchique, une arborescence
doit reposer sur des relations de type "parent-enfant". A l'image
d'un arbre généalogique, une rubrique "mère"
contient des sous-rubriques "filles." La sous-rubrique peut vivre
indépendamment de la rubrique à laquelle elle se
rattache, tout en comportant des caractéristiques de cette
dernière.
Intégrer Schéma Arbo 2
La construction d'une arborescence selon cette démarche
revient finalement à respecter la logique de la pyramide inversée. D'un niveau
très global, on passe à un niveau spécifique
que l'on traite de plus en plus en profondeur. Le tout, dans une
logique descendante.
2. Homogénéiser la granularité des
rubriques de même niveau
L'analogie avec l'arbre généalogique convient
aussi pour les rubriques situées à un même
niveau dans l'arborescence. Entre elles, ces catégories
"sœurs" doivent de préférence avoir un
degré de spécificité équivalent. Ainsi,
à la vue de 2 ou 3 rubriques, un utilisateur est en mesure
d'anticiper sur celles qui vont suivre. Dans le cas contraire, il
sera dérouté au moment de s'orienter.
Par exemple :
Une rubrique intitulée offres d'emploi ne devra
pas donner à la fois accès à une sous-rubrique
intitulée direction d'une part et à 3 autres
nommées communication, marketing, R&D
d'autre part. Tandis que la première relève d'une
catégorie transverse, les trois suivantes sont plus
spécifiques. Du coup, où irait un candidat en
quête d'un poste de directeur de la communication ? Il
hésiterait entre direction et
communication. Il convient donc de supprimer la rubrique
direction et de ventiler ses offres dans les 3 autres
rubriques.
- Whirlpool risque de refroidir ses utilisateurs en juxtaposant
des rubriques qui ne devraient pas l'être
-
En proposant à un même niveau des rubriques
intitulées réfrigérateurs et
congélateurs d'une part, puis réfrigérateurs
américains et réfrigérateurs
congélateurs d'autre part, Whirlpool génère de
la confusion dans l'esprit de l'utilisateur. Et risque de le faire
fuir… En effet, à la vue des 2 premières
sous-rubriques, il peut s'attendre par exemple à ce qu'on
lui propose d'autres rubriques de type réfrigérateurs
intégrables ou réfrigérateur 2 portes. Ce
n'est pas le cas puisque l'on passe ensuite à des
sous-rubriques plus génériques. Dérouté
s'il est en quête d'un table top, il peut considérer
que le site n'est pas en mesure de répondre à son
besoin.
Vu sur le site Whirlpool en mars 2009.
3. Eviter à tout prix les contenus dupliqués
En matière d'arborescence, il faut s'attacher à ce
qu'une information ne puisse logiquement figurer que dans une seule
rubrique. Dans le cas contraire, c'est que l'architecture est
bancale : dite polyhiérarchique, elle prodiguera un
effet-brouillon chez l'utilisateur.
En plus, le contenu dupliqué nuit grandement au
référencement : il fractionne les liens entrants vers
le contenu. Au final, chaque page concernée perd en
visibilité propre.
Cette recherche d'exclusivité ne s'entend que pour un
même schéma d'organisation. Si
deux systèmes sont utilisés en parallèle,
comme dans le cas de la juxtaposition entre des accès par
thématique et par audience, le problème ne se pose
pas. Une information est rattachée à une rubrique de
l'arborescence thématique et peut, via la même URL,
être relayée dans une section relative à une
audience en particulier.
4. Ne pas viser trop large
Les capacités de l'utilisateur à examiner une page
Web et sa mémoire à court terme sont bornées.
Ses limites cognitives l'empêchent de pouvoir identifier et
retenir un terme ou une rubrique si ceux-ci sont noyés au
milieu de dizaines d'autres. Selon la célèbre
règle du psychologue G. Miller, la limite se situe en
l'occurrence à 7 éléments, + ou - 2, selon
l'individu.
Dans cette optique, on gagne à minimiser le nombre
d'options proposées à chaque niveau. Autrement dit,
l'arborescence ne doit pas être trop "large".
Bien qu'il faille le garder en tête moment de constituer
une arborescence, ce chiffre magique de 7 (+ ou -2) ne doit pas
être érigé en dogme. Notamment lorsque l'on
dispose d'une offre très hétérogène,
comme ce peut être le cas sur les sites E-commerce.
- L'Oréal joue avec le feu en étirant au maximum
son arborescence
-
9 rubriques au niveau 1, 10 au niveau 2 : L'Oréal fait fi
de la limite courante des 7 éléments à un
même niveau. Un pari risqué ? Il suffit de faire le
test et d'essayer de lire les 10 sous-rubriques de la rubrique
Recherche. Arrivé à la fin de la liste, il y a fort
à parier que l'on ne se souvienne plus du
début…
Vu sur le site L'Oréal en mars 2009.
5. Ne pas viser trop profond non plus
Une arborescence qui repose sur trop de sous-niveaux ou,
autrement dit, un site trop profond décourage l'utilisateur.
Se limiter à une arborescence à 5 "étages" est
judicieux. Et évite que l'utilisateur multiplie les clics
pour accéder à une information.
On relèguera cependant aux oubliettes la règle
fallacieuse des 3 clics : arbitraire, celle-ci complexifie
l'arborescence en confrontant l'utilisateur à plus de choix
à un même niveau. Et donc, augmente les risques
d'erreurs et de frustrations...
Limiter la profondeur offre un autre avantage : celui
d'éviter les freins au référencement. Il est
couramment admis que les moteurs de recherche indexent moins
fréquemment les contenus les plus "profonds", au-delà
des niveaux 4 ou 5.
6. Equilibrer la largeur et la profondeur de l'arborescence, en
somme
Limiter la largeur et la profondeur d'une structure
hiérarchique, c'est déjà se rapprocher d'une
autre règle présidant à sa conception. Pour
être efficace, une arborescence doit équilibrer le
nombre d'options qu'elle propose à un même niveau (la
largeur) et le nombre de sous-niveaux (la profondeur). On
comprendra aisément pourquoi :
- Si une arborescence est large et peu profonde,
l'expérience-utilisateur sera déceptive. Au
début de son parcours sur le site, l'internaute se verra en
effet proposer un choix étoffé... Mais il aura
tôt fait de se sentir trompé : au clic, peu
d'informations, s'offriront à lui.
- Si, au contraire, une arborescence est étroite et
profonde, l'internaute devra passer par un nombre
considérable de sous-niveaux pour voir son besoin satisfait.
Dans ce cas, l'expérience-utilisateur sera complexe et
décourageante.
7. Associer une page à chaque niveau de
l'arborescence
Une arborescence a vocation à accompagner la progression
dans le site. A ce titre, elle ne doit pas brusquer l'utilisateur
qui passe d'un niveau N à un niveau N-2. Le niveau
intermédiaire N-1, doit aussi faire l'objet d'une page. Il
correspond à une étape à part entière
dans la découverte des contenus : celle qui permet
d'opérer à des choix ou des les valider.
Les niveaux intermédiaires entre une rubrique
générique et une page très spécifique
doivent être relayées par des "pages-carrefours" Elles
donnent accès aux contenus des niveaux inférieurs en
opérant, par exemple, à une sélection des
informations les plus pertinentes ou les plus récentes
qu'ils contiennent. Elles structurent également le parcours
de l'utilisateur sur le site, avec logique et fluidité.
Dans tous les cas, il faut à tout prix éviter de
proposer des rubriques intermédiaires dans une seule
démarche "intellectuelle", c'est-à-dire juste pour
regrouper des sous-rubriques. Si une rubrique ne peut faire l'objet
d'une page, c'est qu'elle ne doit pas être un
élément visible dans l'arborescence. On
préfèrera toujours ajouter un clic
supplémentaire plutôt que de créer des
rubriques auxquelles on ne peut accéder.
- Alstom présente ses activités dans la
douceur
-
Avec cette page-carrefour, Alstom permet à l'internaute
de disposer d'une vue d'ensemble sur les activités de la
société. Respectant le principe de la pyramide
inversée, le chapô en présente une
synthèse qui peut suffire à certains. Ceux qui
souhaitent en savoir plus sur l'un des métiers ont la
possibilité de le faire via l'accès aux 2
sous-rubriques en bas de la page. Une manière
d'épouser les différentes typologies de besoins, en
accompagnant chacun d'entre eux.
Vu sur le site Alstom en mars 2009.
8. Refléter l'arborescence dans l'URL des pages
Comme l'arborescence, un schéma d'URL contribue à
l'expérience de navigation. Comme elle aussi, il se
constitue à partir de relations de subordination. Autant
donc viser la cohérence et calquer la structure des URLs sur
celle de l'arborescence. Et refléter l'une à travers
l'autre.
- Les URLs de Saint-Gobain sont parfaitement intuitives
-
Reflétant strictement l'arborescence et la manière
dont elle se déploie, les URLs mises en œuvre par
Saint-Gobain sont parfaitement optimisées. Pouvant servir la
navigation, elles portent par ailleurs une valeur informative,
utile à l'internaute et porteuse en termes de
référencement.
Vu sur le site Saint Gobain en mars 2009.
Aussi structurante soit-elle, l'arborescence n'est pas une fin
en soi : répondant à des choix parfois arbitraires,
elle masque les différentes acceptions que peut
revêtir un thème. Et limite les chemins d'accès
à l'information. A ce titre, elle doit être
complétée par une navigation efficiente pour satisfaire les
différents modes de recherche.