Lorsqu'il conçoit un texte pour le Web, le
rédacteur doit maîtriser les caractéristiques
de la lecture
en ligne. Parmi les difficultés qui l'attendent et les
réponses qu'il doit y apporter, deux sont
particulièrement structurantes :
- Comment réellement véhiculer un message lorsque
l'on sait que le contenu a peu de chance d'être lu dans son
intégralité ?
- Quelles informations valoriser pour être certain de
toucher toutes les audiences, aux attentes parfois très
divergentes ?
On peut répondre à ce double enjeu simplement. Il
suffit de remiser la linéarité au placard et de lui
préférer l'utilisation de différents niveaux
de lecture. Ceux-ci permettent d'optimiser la lisibilité du
texte. Le tout, dans les deux acceptions du terme :
- Sur la forme : c'est un fait établi, trois internautes
sur quatre ne lisent pas les textes en intégralité,
ils les survolent et les parcourent en diagonale ; autant donc
s'adapter à leurs exigences en facilitant la lecture
"zapping"
- Sur le fond : les niveaux de lecture rendent le message plus
facile à appréhender
1. Capitaliser sur les titres
Les titres sont
en moyenne cinq fois plus lus que les textes. Leur
présence s'impose donc, tant pour offrir un premier niveau
de lecture que pour structurer la page. Associés aux balises
HTML <h1>, ils sont vus en premier par les utilisateurs, mais
également par les moteurs de recherche.
Un rédacteur gagne aussi à bâtir son texte
autour d'intertitres, qui jouent le rôle
d'accélérateurs de lecture. Correspondants aux
balises <h2> voire <h3>, ils ont également une
fonction structurante.
2. Rédiger un chapô synthétique
L'internaute ne s'attarde pas sur les pages web : il y passe de
30 secondes à 1 minute en moyenne. Autant donc vite lui
transmettre l'essentiel du message.
Lu intégralement par la quasi-totalité des
internautes, le chapô se révèle indispensable
lorsque l'on rédige des articles de fond sur le web. En 400
signes environ, il résume le propos d'ensemble. Ainsi,
l'internaute qui stoppe sa lecture après l'avoir lu dispose
au moins d'une vision synthétique du message.
3. Alléger les paragraphes
On le sait bien : la lecture sur écran est
particulièrement éprouvante. Hors de question donc de
fournir un texte constitué d'un seul bloc, au risque
d'assommer l'internaute.
Plus les paragraphes sont courts, plus ils reçoivent de
fixations visuelles. Il est donc primordial de ne développer
qu'une seule idée par paragraphe. Ceci afin que chacun soit
autonome, assimilable en tant que tel.
Au sein de chaque paragraphe, on peut encore faire respirer le
contenu en misant sur des listes à puces et/ou
numérotées. Leur forme aérée attire
spontanément le regard. Bien sûr, une liste à
puces doit juxtaposer des informations de même nature et de
forme grammaticale identique. Et veiller à ne pas
dépasser une dizaine d'éléments, pour
tenir compte des limites cognitives du lecteur.
4. Penser aux caractères gras
Dans le corps de l'article, on peut ensuite valoriser les
informations-clés par des effets typographiques. En la
matière, l'usage du gras se révèle le plus
efficace : il n'agresse pas l'œil. Contrairement à
l'italique, peu lisible, et au souligné,
réservé aux liens, il assoit la
lisibilité.
Mieux, si le mot en gras interpelle l'internaute, il oriente
ensuite son regard vers les informations qui le
précédent.
En plus, le gras est reconnu par les algorithmes de Google, qui
accordent plus d'importance aux mots mis ainsi en valeur.
- Voyages-SNCF valorise les mots-clés, pour les moteurs et
les utilisateurs
- Loupe pour zoomer sur l'image

-
Même s'il parcourt cette page en diagonale, l'internaute
voit son œil attiré par les mots-clés. S'il
veut en savoir plus sur la Cannebière, il peut
repérer tout de suite le terme et lire ensuite le texte
autour. Le terme Cannebière, qui peut faire l'objet de
requêtes dans les moteurs de recherche, sera par ailleurs
pondéré dans les résultats de ceux-ci.
Vu sur le site Voyages-SNCF (Mars 2009).
5. Illustrer le propos avec des visuels informatifs
Autre niveau de lecture incontournable : les images. Sur le
Web, leur fonction n'est pas seulement illustrative. Les visuels
constituent aussi un point d'ancrage pour l'œil, sur lequel
il "rebondit" avant de s'orienter vers le texte.
On a tout intérêt à accompagner l'image
d'une légende. Elle offre encore un niveau de lecture
supplémentaire. Elle peut répéter un point
détaillé dans le corps du texte : sur le Web, on ne
proscrit pas la redondance. L'essentiel étant de transmettre
les messages, coûte que coûte.
- Bois.com se sert des légéndes pour
véhiculer un message
- Loupe pour zoomer sur l'image

-
L'essentiel du propos de cet article est véhiculé
à travers les 2 légendes des visuels. La redondance
avec le texte du dessus n'est pas fortuite. Au contraire, elle
permet de transmettre les 2 conseils essentiels à
l'internaute, quand bien même il ne serait attiré que
vers les visuels.
Vu sur le site Bois.com (Mars 2009).
6. Remiser les informations complémentaires dans une
zone dédiée
Au niveau de la page elle-même, il s'agit de ne pas
grouper tous les messages dans la même zone. Mais
plutôt, d'en mettre une en regard d'une autre. Ainsi, alors
que le cœur de page a trait au propos principal, la zone de
seconde lecture, propose des informations connexes. Elle gagne
à se situer en colonne de droite, voire
éventuellement en bas de page, pour suivre le sens de
lecture.
Comme avec le cœur de page, la zone de seconde lecture
peut elle-même être scindée en plusieurs blocs,
offrant autant de niveaux de lecture. Pour ce faire, elle gagne
à regrouper les liens et autres fichiers à
télécharger par thématique.
- La Française des Jeux ne joue pas avec le confort de
lecture

-
Très bien structuré, ce contenu est construit
autour d'un propos principal et d'une zone de seconde lecture. Le
cœur de page est lisible, avec notamment des intertitres qui
facilitent la lecture. Quant à la zone de seconde lecture,
elle fédère toutes les informations connexes et les
regroupe efficacement par thématique : le saviez-vous ?
témoignages…
Vu sur le site
institutionnel de La Française des Jeux (Mars 2009).
7. Multiplier les angles pour adresser chaque cible
spécifiquement
Le fond gagne aussi largement à l'exploitation de
plusieurs niveaux de lecture. Et pour cause : en ligne, le
rédacteur adresse souvent plusieurs cibles. Plus ou moins
expertes, plus ou moins concernées par un sujet : toutes
n'ont pas les mêmes attentes face à un propos. Il est
donc souvent impossible de les adresser avec un discours
homogène.
Tandis que le cœur de page gagne à adresser la
cible la moins experte, la zone de seconde lecture peut proposer de
creuser le sujet, de l'illustrer par la prise de parole d'un
spécialiste, ou encore d'inviter à
télécharger des brochures à l'attention de
ceux en quête d'informations exhaustives...
- Veolia Envionnement se sert de la zone de seconde lecture pour
adresser les passionnés
- Loupe pour zoomer sur l'image

-
La zone centrale de cette page évoque la voile et Roland
Jourdain via un angle adapté à tous les publics. En
complément, la zone de seconde lecture permet à
chacun d'approfondir le sujet. Les passionnés peuvent
notamment se rendre sur canyouseait, le site de Veolia
consacré à la mer.
Vu sur le site Veolia Environnement (Mars 2009).
On peut aussi utiliser des encadrés pour détailler
un point spécifique, destiné à ceux qui ont
besoin d'approfondir un sujet. L'encadré peut aussi
permettre d'offrir un angle plus ludique, en donnant par exemple
à voir un chiffre ou une information "choc"...
Malgré les nombreux avantages qu'offre l'exploitation de
plusieurs niveaux de lecture, celle-ci ne doit pas se faire de
manière excessive. Au risque de générer
l'effet inverse de celui escompté. Si l'œil dispose de
trop de points de repères, il ne sait en effet plus
où regarder en priorité... Distrait, l'internaute ne
percevra finalement rien du message qu'on souhaite lui faire
passer.